Les ateliers passés / présents

Publié le par cailloux


 

-création multimédia interactive sur les traces des passés de la cité phocéenne et de ses habitants, passés « présents » inscrits encore aujourd’hui sur les murs de la ville et dans le regard de ceux qui l’habitent-

 

Il s’agit de réaliser avec un public novice en la matière, une série de films de court-métrage documentaire sur des lieux de Marseille, rue, maisons, immeubles, bâtiments, cours… marqués par une vieille plaque murale en souvenir d’un moment, d’un personnage particulier, d’un événement fugitif ou historique…

 

L’ensemble des réalisations sera présenté fin 2009 lors de projections publiques et sur un DVD interactif permettant de circuler dans la ville d’une plaque à l’autre, d’un lieu à l’autre, d’un mur gris à une façade éclairée, d’un événement historique à une journée oubliée, du lendemain de la Révolution française au Marseille d’aujourd’hui… parcours animés par le regard singulier des différents auteurs-réalisateurs des courts-métrages.

 

 


La démarche artistique

 

Ce projet repose sur une démarche cinématographique volontairement hybride : la réalisation de chaque court métrage mêlant au gré des auteurs, recherche documentaire, cinéma direct, vidéo expérimentale, fiction documentaire, performance filmée…

 

Dans cette perspective de création artistique, les auteurs- réalisateurs s’interrogeront individuellement et en groupe sur leur choix de réalisation. Cette étape qui pourra nourrir un synopsis d’avant tournage se fera lors de séances de débats et de visionnages d’objets filmiques abordant des questionnements proches de celles du projet « passé/présent » : le temps qui passe, les lieux en mouvement

 

Le temps qui passe

La plaque murale, le point de départ de chaque création est parfois le seul élément tangible et « exploitable » venu du passé. Pour dépasser ces contraintes, l’auteur-réalisateur va devoir recourir à son imagination, créer des liens, retrouver par les mots et les images les connexions ou les ruptures entre le présent et le passé, entre le quotidien et l’évènement, entre le vide et le plein…

 

« Le cinéma documentaire qui s’intéresse aux lieux de mémoire a toujours à faire avec l’archive. Soit pour se l’approprier (quitte à la remettre en scène), soit pour la délaisser au profit d’images plus récentes. (…) Ainsi, Pierre Bleuchot dans « Le temps détruit », évoquant la mort de trois soldats en 1940, mêle aux archives de la guerre des lieux d’aujourd’hui : des lieux sans mémoire, parce que le temps n’y a laissé aucune trace visible, des lieux sans images parce que rien n’y fut jamais filmé, des lieux devenus quasiment vides. Pour évoquer son père mort en Moselle le 18 juin 1940, Pierre Bleuchot montre juste la bordure herbagée d’un canal, là où on sait que se déroula la bataille. Il fabrique la mémoire de ce lieu, il filme le vide pour exprimer le plein qui s’y déroula autrefois. »

Filmer le passé, dans le cinéma documentaire, édition ADDOC, 2003

 

Les lieux  qui restent

Le projet « passés / présents » fait appel à la question de la mémoire, donc aussi bien àl’Histoire qu’à l’affect, aux émotions et aux perceptions aussi diverses que peut l’être le public des « réalisateur.s » On est bien loin d’un exercice d’illustration. Pour avancer dans cette veine des sensibles, il est nécessaire d’accompagner chaque auteur à renouveler son regard sur le quotidien mouvant d’une rue, sur les traces immobiles du passé. Il sera amené à exercer un regard distancié, anthropologique, sur les éléments de la banalité apparente tout en laissant parler ses perceptions personnelles. Ce type de captation peut se rapprocher des techniques du « cinéma direct », entre observation du réel et sensibilité propre.

 

« La réalité sans l’imagination, c’est la moitié de la réalité »

Luis Bunuel


Contenu culturel du projet :    

Ici, les traces de l’ailleurs

À Marseille, les plaques  les plus anciennes, celles qui sont blanches et discrètement présentes, celles non marquées par  les stigmates plus récents des marbres funéraires, évoquent souvent les voyages, les passages, les migrations, la vivacité du port phocéen, l’ailleurs…

Voilà pêle-mêle, quelques exemples de plaques murales piochés sur les murs de la ville, plaques pouvant donné lieu à un court-métrage, suivant le choix initial de chaque auteur-réalisateur :

. Au 91 rue Saint Jacques (13006):« André Suarès, 1868-1946, né dans cette maison, repose aux Baux. Il a chanté la Provence, l’Italie et les grands génies » 

. Au 15 Rue Scotto 13001« Dans cette maison qui fut de Démosthène Ollivier, Giuseppe MAZZINI exilé italien, Républicain Réformateur Social rêva la résurrection de sa patrie dans la vision de la fraternité Universelle »

 . Au Palais de la Bourse et dans le hall d’entrée de la Mairie centrale :« le président Wilson et la Nation Américaine, les nations Alliées et les chefs d’État qui sont à leur tête, ont bien mérité de l’Humanité » loi du 2 décembre 1918

. À la porte d’entrée du hall de la Gare Saint Charles, en haut des escaliers du même nom :« À la mémoire du chef de bataillon, Finat Duclos, commandant le 3/7ème régiment de Tirailleurs Algériens, et du capitaine Gèze, commandant la 2ème batterie du 67ème régiment d’Artillerie d’Afrique. Tombés en ce lieu, le 25 Août 1944, durant les combats de la Libération de Marseille, menés par la 3ème division d’infanterie Algérienne »

. Au 142, rue Paradis:« Charles Diran-Tékéian 1887-1967, né à Marseille, a vécu 142 rue Paradis, engagé de la Marine Nationale ; contribua de 1914 à 1918 à la Victoire de la France, Cap à bord du Desaix qui a permis à 5000 arméniens du Mont Moussa Dagh de se réfugier en France et de la guerre 39-45 pour la Libération de Marseille, août 1944 » 142, rue Paradis

 


 Ici, les traces d’une mémoire politique en voie de disparition

 

. à l’extrémité de la rue Gaston Crémieux, sur l’emplacement de l’ancienne plaque commémorative des combats de Sidi-Brahim (1844)« Gaston Crémieux, Héros de la commune de Paris, proclama la Solidarité de Marseille avec Paris Révolutionnaire en mars 1871, fusillé le 30 novembre 1871 au Pharo. 1836-1871 »

. Autre trace de la Commune, et plus généralement de l’histoire politique française, rue Adolphe Thiers (13001), dans l’immeuble légué à l’Académie de Marseille:« THIERS, Marie Joseph louis Adolphe est né dans cette maison le 15 avril 1797 »« Cet immeuble a été donné à l’Académie de Marseille par Mademoiselle Félicie Dosne »

 . Place Castellane« En ces lieux se sont déroulés le 22 août 1944 des combats acharnés entre nos glorieux FFI patriotes marseillais et les Allemands qui ont laissé une centaine de morts et 60 prisonniers. Les amis des Francs-Tireurs et Partisans Français FTPF à leurs camarades de combat tués à la bataille de Castellane lors de l’insurrection de Marseille les 21-28 août 1944 »

 

 

Les 10 plaques ayant déjà donné matière à un court-métrage au sein des ateliers pédagogiques en Lycée, pour l’année scolaire 2006-2007 

. Au 14 rue venture (1er arrondissement):« En 1805 et 1806, Stendhal avant d’écrire la Chartreuse de Parme, vécut quelques mois dans cette maison. Par les soins du « Soleil du midi » : juin 1946 »

 . À l’Hôpital de la Conception (147 boulevard Baille 13005 Marseille) :« J’ai tendu des cordes de clocher à clocher,des guirlandes de fenêtre à fenêtre, des chaînes d’or d’étoile à étoile et je danse » (Illuminations). Ici, le 10 novembre 1891 revenant d’Aden, le poète Jean Arthur Rimbaud rencontra la fin de son aventure terrestre »

. À l’entrée du tunnel de la Belle de Mai/ Boulevard National (13001)« À la mémoire des nombreuses et innocentes victimes du bombardement du 27 mai 1944 qui ont trouvé la mort sous ce pont. Souvenir des habitants du quartier unis pour  ne plus revoir cela »

 .Place de l’Opéra, (1er arrondissement): « Les 22 et 23 janvier 1943, 250 familles marseillaises ont été livrées à la gestapo par la Police de Vichy pour l’unique raison d’être nées juives. Déportés et exterminés dans les chambres à Gaz de Sobibor et d’Auschwitz. Hommes, femmes, enfants, aucun ne revint ! toi qui passe, souviens-toi ! Ta mémoire est leur seule sépulture. 1943-1993 Amicale d’Auschwitz  »

. Au 97 boulevard Longchamp« Ici vécut Dominique PIAZZA, inventeur en 1891 de la carte postale photographique » 97 boulevard Longchamp

. Au pied de Notre Dame de la Garde« Reconnaissance à Notre Dame de la Garde qui nous a préservées du choléra, nous et nos familles. Les dames télégraphistes. 1884 »

. Caserne des pompiers, rue Scotto/ Canebière« Ce poste d’interventions est situé à l’emplacement des nouvelles galeries qui furent entièrement détruites le 28 octobre 1938. Le 29 juillet 1939, un décret-loi va donner naissance au Bataillon de Marins-Pompiers de Marseille »

 . Notre Dame de la garde: « le 25 août 1944, fête de Saint Louis Roi de France et les jours suivants, Notre dame de la Garde a manifestement préservé de la destruction sa basilique et délivré la ville et tout le territoire. « C’est elle qui a tout fait » a déclaré  le Général de Monsabert qui commandait la vaillante Armée de la 3ème DIA. Souvenir reconnaissant de Marseille et de la Provence »

 . Hôtel Beauvau, rue Beauvau: « Alphonse de Lamarine en 1832, Frederic Chopin, George Sand  en 1839, séjournèrent en cet hôtel »

.  Au 19 boulevard Dugommier (1er arrondissement) , au Duc Hôtel, une trace de la Commune « Ici en l’Hôtel de l’Oasis est décédée le 9 janvier 1905, Louise Michel, héroïne de la commune et militante anarchiste »



Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article